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Résumé des interventions
L’écriture créative, dans ses déploiements contemporains, s’attache en toute cohérence à se définir en fonction des publics auxquels elle s’adresse. La distinction de « publics vulnérables » participe ainsi de sa définition, et sans doute plus qu’aucun autre. De l’écriture « comme un couteau » dont nous parle Annie Ernaux à l’écriture soignante des arts-thérapeutes, de quelle écriture parle-ton ? Et quelle approche éthique et politique engage-t-elle ? Je propose d’aborder ces questions en identifiant des écueils et des épiphanies dans quelques exemples pratiques tirés de différents contextes, en convoquant plusieurs cadres théoriques, de la didactique de l’écriture littéraire à la médecine narrative.
Chez les personnes en situation de vulnérabilité, et plus particulièrement chez les sujets psychotiques, il n’est pas rare que le recours à l’écriture constitue une solution privilégiée pour exprimer, déposer, comme parfois, venir donner un sens à la souffrance. En cela, la participation à des ateliers d’écriture peut susciter un véritable intérêt chez un sujet, autant qu’assurer une fonction thérapeutique. Toutefois, d’un point de vue psychopathologique et clinique, l’incitation à écrire ne s’envisage pas toujours comme un « souverain bien », nécessitant d’être appréciée au regard de l’économie subjective de chaque sujet. C’est ce que nous enseigne le témoignage de Sylvia Plath, qui, bien que plébiscitée pour sa quête d’une écriture toujours plus « vraie », en vint de plus en plus à faire identité avec ses productions écrites, jusqu’à sa propre éviction de la scène du monde. Ainsi, cette intervention propose d’aborder, à travers les enjeux subjectifs du rapport à l’écriture chez Sylvia Plath, la manière dont un « pousse-à-la-création » peut se révéler aussi bien salutaire que délétère, lorsqu’il redouble, comme dans son cas, une exigence pulsionnelle interne poussant à sacrifier toujours davantage l’être au profit de l’œuvre.
Après plusieurs années d’ateliers d’écriture au pôle addiction précarité du CHGR de Rennes, nous revenons sur les postures des intervenants, animateurs et soignants alors que l’atelier imposait une participation de tous à l’écriture. Qu’est-ce qui guide le choix de chacun de s’engager dans l’atelier dans ces conditions ? Comment chacun se positionne-il dans cette démarche ? Que gagne le soignant en termes de professionnalité et dans l’accompagnement des patients ? Lors d’entretiens avec l’équipe nous analysons la situation vécue par les participants pour saisir et exposer les enjeux de la démarche.
Cette communication s’intéresse aux différentes formes d’écriture — créatives ou autobiographiques, spontanées ou sollicitées — produites dans le domaine de la santé. Nous interrogerons leurs fonctions : celle de soutenir et d’accompagner, mais aussi d’expliciter et encapaciter, tant des publics en situation de vulnérabilité, personnes malades et proches, que des professionnel·le·s travaillant avec elles·eux. Notre réflexion s’inscrit dans une approche résolument interdisciplinaire, à l’intersection de la littérature, des sciences de la formation et de la médecine narrative, avec une question éthique et méthodologique de fond : comment créer des conditions favorables à l’expression de chacun·e ?
Nous proposons de présenter les premiers résultats d'une recherche participative dans laquelle des chercheuses et chercheurs de différentes disciplines (sciences de l'éducation et de la formation, littérature, psychologie), des membres de la société civile et des jeunes présentant des troubles de l'humeur, se sont engagés durant trois années. Dans ce cadre, nous avons recueilli la parole des jeunes au travers d'entretiens dans le but de comprendre leur parcours de scolarisation et de formation. Leur parole a également été recueillie lors d’ateliers d'écritures créatives conçus comme expérience sensible du langage et de l’imaginaire. À travers une étude de cas, nous tentons dans cette communication d'articuler ce que nous disent les jeunes, à l'oral et à l'écrit, en entretien et en atelier créatif, afin de mettre en lumière ce que leurs propos nous apprennent au sujet de leurs aspirations. |